"Sortez masqués !" est un projet de parade carnavalesque monté dans le cadre de la résidence «Création en Cours 2023» soutenue par les Ateliers Médicis et le ministère de la Culture.
À l’origine, le carnaval était un rituel. Le besoin de désordre — entendu comme espace hors de l’ordre social quotidien — s’incarnait dans des fêtes d’hiver, rituels populaires pré-carnavalesques, de l’Antiquité grecque au Moyen Âge européen. Les fêtes de carnaval, associées à la figure de l’homme sauvage, accompagnent aujourd’hui encore le passage de l’hiver au printemps, de la mort à la vie : elles signalent le renouveau de la nature. Ce projet avait pour objectif d’explorer, avec des élèves de CM2, la thématique du carnaval et les rites associés au travers d’ateliers de confection de masques, de costumes et d’accessoires. Il s'est clôturé par une parade performative proposant une relecture de ces rites à l’aune des problématiques environnementales et sociétales actuelles.​​​​​​​
Le projet a donné lieu à une série de 22 clichés ("Les enfants sauvages") inspirée du travail du photographe Charles Fréger (Wilder Mann ou la figure de l’homme sauvage, 2012), qui présente les élèves dans les costumes qu’ils ont réalisés.
De ces images qui mettent en scène des créatures mi-humaines, mi-animales, émerge une nouvelle mythologie qui interroge la place de l’homme et son statut au sein de la nature.
Cette série se veut comme une illustration du concept de ‘’ réenchantement de la nature ‘’ défendu par Serge Moscovici selon lequel il s’agit de ‘’ réfléchir à une nature habitant la société et à une vie sociale contaminée par les éléments naturels, sans forcément recourir à une pensée naturaliste voire même, à des fins persuasives, en s’appuyant sur des élans de type romantique ‘’ (citation extraite de La réception écologique de la Nature chez Serge Moscovici ; Hélène Houdayer ; Dans Sociétés 2015/4 - n° 130).
J’ai choisi pour cette série d’investir des espaces relativement indomptés et encore habités par la dimension du sauvage comme les dunes, les falaises et les espaces rocheux, à la marge d’espaces aux usages codifiés et normés, pour que les enfants puissent mobiliser leur propre imaginaire dans l’exploration de leur rapport au monde sensible.

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